Tutoriel 6 – Les fichiers informatiques des photos – page 4 : Résolution des images sur écran et des images imprimées

Photos en tant que fichier informatique

Une photographie, en tant que fichier informatique, est caractérisée uniquement par sa définition, c’est-à-dire le nombre de pixels en largeur et hauteur. Tant que la photo reste sous la forme d’un fichier, les informations de dimension et de résolution n’ont pas de sens et ne servent à rien, même si on trouve ces informations dans les données EXIF de la photo.

Pourtant beaucoup de logiciels de développement demandent de préciser la résolution malgré le fait qu’on ne rééchantillonnage pas la photo.

De même certains clubs photo demandent, pour un concours d’images projetées par exemple, d’envoyer la photo redimensionnée à 1920 pixels sur sa plus grande dimension et avec une résolution de 300 pixels par pouces !?

Cette dernière information de résolution ne sert à rien. (sauf dans des cas tout à fait exceptionnels, pour gagner du temps dans la gestion de nombreuses photos )

Je répète : tant que la photo reste sous la forme d’un fichier, les informations de dimension et de résolution n’ont pas de sens et ne servent à rien, même si on trouve ces informations dans les données EXIF de la photo.

Pour s’en convaincre, il faut observer ce qu’il se passe quand la photo est visualisée sur un écran d’ordinateur ou lorsqu’elle est imprimée.

Photos visualisées sur un écran d’ordinateur

Prenons l’exemple du fichier d’une photo au format 16/9e (rapport largeur, hauteur). Ce fichier peut être visualisé par exemple sur l’écran du PC portable ou sur le grand écran d’une télévision. Dans l’exemple de l’image ci-contre, on s’est arrangé pour que la photo remplisse les deux écrans.

Les dimensions de la photo visualisée sont donc celles des écrans.

Et la résolution des photos est aussi celle des écrans. Résolution qui est figée par la fabrication de l’écran. Ce n’est pas la résolution des 300dpi indiquée dans les données exif et reprise par les logiciels de traitement ! (Dans l’exemple ci-contre, on a 141ppp pour l’écran du PC portable et 81 p.p.p. pour la télévision 4K )

La définition d’une photo provenant d’un appareil photo récent est toujours bien supérieure à celle des écrans.  Par exemple 24 millions de pixels (6000 * 4000).  L’écran ne peut pas tout visualiser,   mais, par exemple, seulement 1920 * 1080 pixels.

Vous l’avez constaté, vous n’avez pas à rééchantillonner votre photo pour réduire le nombre de pixels afin de l’adapter à l’écran.  C’est votre logiciel de visualisation ou de traitement de vos photos qui s’en charge d’une façon totalement transparente  (sans vous le dire).

En plus vous pouvez zoomer pour afficher votre photo sur une partie de l’écran. En général les logiciels indiquent quel taux de réduction ils appliquent. (Nb de pixel de l’écran divisé par le nombre de pixels de la photo, par exemple 12% dans l’exemple choisi)

Vous pouvez aussi zoomer pour afficher 100%. Dans ce cas 1 pixel de la photo correspond à 1 pixel de l’écran.  La photo est alors plus grande que l’écran et celui-ci n’affiche qu’une partie de celle-ci.

Photos imprimées

Comme pour les écrans, la résolution d’une imprimante jet d’encre est figée une fois pour toutes par le constructeur.  Ce n’est pas vous qui la changez en imposant 300 p.p.p.

Cette résolution n’est pas définie de la même façon que pour les images numériques. Pour une imprimante jet d’encre, la résolution est la précision avec laquelle les très fines gouttelettes d’encre sont posées les unes à côté des autres.

Pour imprimer correctement, ces résolutions sont très élevées, 1200 ppp, 2400 ppp ou 4800 ppp.  (Remarque  : La résolution peut être différente en largeur et en hauteur). 

La couleur de chaque gouttelette est soit jaune, magenta ou cyan. Pour définir une couleur, il est nécessaire d’en disposer de plusieurs gouttelettes l’une à côté de l’autre, d’où la nécessité d’une résolution élevée.


Pour garder le piqué suffisant d’une image dont la résolution d’origine est élevée, il est nécessaire que la résolution de l’imprimante soit beaucoup plus grande. Par exemple, la résolution importante des imprimantes photo EPSON a été déterminée par le constructeur pour imprimer sans perte de piqué des images dont la résolution initiale est de 240dpi .

En pratique, quel que soit le fichier photo , le logiciel et le pilote d’impression rééchantillonne ce fichier d’origine pour l’adapter à l’imprimante.  (En toute transparence)

Avec l’impression jet d’encre, il n’est absolument pas nécessaire de préparer la photo d’origine en la rééchantillonnant pour avoir une résolution de 300dpi ! 

Avec des logiciels comme DXO, Photoshop, Lightroom, la dimension de la photo imprimée est définie au moment  l’impression. Il en est de même pour la position de la photo par rapport à la page.

Oublier la résolution ? Mais alors, comment savoir si ma photo imprimée va être pixélisée  ?

Même si vous imprimez, vous n’avez pas besoin de l’information de résolution associée au fichier informatique de la photo.

La seule chose que vous devez savoir est : est-ce que le nombre de pixels de la photo d’origine est suffisant pour imprimer au format souhaité ?

La réponse habituelle est que la résolution doit être de 300 dpi. Et vous voilà parti dans des conversions d’unité et dans des rééchantillonnages qui ne servent à rien.

Laissez cette exigence aux professionnels de l’édition qui peuvent en avoir besoin !

Une façon plus simple pour répondre à cette question :

Divisez les dimensions en pixels, de l’image, par 100 et vous aurez les dimensions en cm qu’il ne faut pas dépasser,  pour regarder vos photos imprimées à une distance de 30cm (sous peine de dégrader le piqué de la photo, les pixels devenant visibles).

En effet 100 pixels par cm correspond à 254 p.p.p., valeur comprise entre la résolution  de 240dpi pour laquelle les imprimantes jet d’encre sont conçues, et la résolution mythique de 300dpi

Pour de grands tirages qui se regardent de loin, lors d’une exposition par exemple, la dégradation reste légère tant qu’on ne dépasse pas de 2 fois les dimensions obtenues en divisant par 100. ( soit 50pixels par cm)

Par exemple :

Photo d’origine 5400 * 3600 pixels (provenant d’un léger recadrage d’une photo 6000 * 4000)

On divise par 100 : Impression maximum 54 * 36 cm (on peut aller jusqu’à 90 * 60 , sans trop de dégradation, ce grand format se regarde de loin)

D’où vient cette exigence d’une résolution devant être égale à 300dpi ?

Elle vient du temps de l’argentique, bien avant l’apparition des appareils photo numériques.  Pour imprimer une photo dans un livre ou dans une revue, il fallait d’abord scanner la photographie argentique pour obtenir une trame d’impression destinée à une presse offset.  Ces presses imprimaient sous la forme de ligne de points. Le nombre de lignes visibles séparément par unité de longueur est représentatif de la résolution et s’appelle la linéature.  ( La résolution au sens des photos numériques est le double de la linéature )

Les premières presses étaient d’origine anglaise.  La linéature s’exprime donc  en nombre de ligne par pouce.  Il en est de même de la résolution qui s’exprime en points par pouce ( p.p.p. )  ou dot per inch  ( dpi en anglais ) dans le monde de l’impression.

Les premiers imprimeurs ont défini quelle était la linéature minimum nécessaire pour qu’une photo imprimée, dans un livre ou une revue, apparaisse nette quand on la regardait à une distance moyenne de lecture de 30 cm.  Et il ont trouvé environ 150 lignes par pouce.  Ce qui correspond à 300 dpi  ! Cette valeur est devenue un standard !

Il faut bien comprendre qu’ils ne travaillaient pas comme nous.  Au départ ils ont par exemple l’objectif d’imprimer une photo avec les dimensions 12cm sur 8 cm. Il leur faut scanner la photographie argentique pour obtenir la définition correcte (correspondant à un nombre de ce qu’on appelle maintenant pixel).  À partir de ce scan, une trame d’impression était fabriquée.  Il n’était plus possible de changer cette définition comme on le fait maintenant si facilement dans tous les logiciels photo.

Leurs données de départ étaient donc les dimensions finales de l’image imprimée et la résolution de 300dpi. À partir de là ils déterminaient comment la photo allait être scannée. Aujourd’hui, cela reviendrait à calculer le nombre de pixels. Les données finales, destinées au scan de la photo argentique, sont la définition c’est-à-dire le nombre de pixels en largeur et hauteur. 

Avec les appareils photo numériques, les logiciels actuels et les imprimantes à jet d’encre, cette façon de faire n’a plus du tout lieu d’être. 

Néanmoins, elle est restée dans les habitudes et beaucoup de photographes continuent à rééchantillonner leur photo avant impression pour respecter scrupuleusement les 300dpi

En conclusion :

Les dimensions d’une photographie sous sa forme numérique (c’est-à-dire sous la forme d’un fichier RAW, JPEG, TIFF ou autre) ne s’expriment que par leur nombre de pixels en largeur et en hauteur. On parle alors  de définition à la place de dimensions en pixels.   Une photo haute définition est une photo  qui,  n’ayant pas été rééchantillonnéee,  a gardé les nombreux pixels d’origine provenant de l’appareil photo.

Les dimensions en centimètre ou la résolution d’une photographie numérique n’ont de sens que lorsque la photo est visualisée sur écran ou imprimée.  Mais ces dimensions visualisées ou imprimées n’ont rien à voir avec celles indiquées dans les données EXIF   (Fenêtre « taille de l’image » de Photoshop par exemple). Elles ne dépendent que du logiciel, de l’écran ou de l’imprimante.

Lorsqu’une image est visualisée, ou imprimée,  c’est le logiciel dédié qui s’occupe de la rééchantillonner, en toute transparence pour le photographe, pour s’adapter à l’écran ou à l’imprimante.

Vous ne vous occupez pas de rééchantillonner vos photos (en 72dpi) pour les visualiser sur un écran.  De la même façon, il n’est absolument pas nécessaire de le faire (en 300p.p.p.)  pour les reproduire sur votre imprimante jet d’encre !

N’hésitez pas à recadrer (sans rééchantillonner).

Tout rééchantillonnage dégrade l’image. Par conséquent ne jamais le faire,  sauf en cas d’exigences précises (concours images projetées, publication sur le web…

En cas de rééchantillonnage , faites-le sur une copie du fichier et fixez vos souhaits en nombre de pixels (pas en cm, alors peu importe la résolution).

Évitez une augmentation du nombre de pixels. (sauf exceptionnellement avec des logiciels spécialisés )

Divisez la définition par 100 et vous aurez les dimensions en cm qu’il ne faut pas dépasser, lors de l’impression. (pour regarder les photos à une distance de 30cm)