Tutoriel 7 – Couleurs et photographies – page 3 : Les couleurs du photographe

Sommaire du 7e tutoriel

sRVB et adobeRVB

Puisque l’homme voit en RVB (Rouge, Vert, Bleu), les ingénieurs ont fabriqué des ordinateurs, des écrans, des appareils photo numériques ou encore des imprimantes qui fonctionnaient également sur ce principe. Ainsi chaque pixel de notre appareil photo numérique voit les couleurs en RVB.  

Il aurait été bien que, dès le début de la photo numérique, les informations de couleur de chaque pixel soient exprimées selon le système CIE L’a*b* et qu’il n’y ait que cet espace de couleur c’est-à-dire qu’une seule façon de mesurer les couleurs.

Mais au début de la photo numérique, la puissance de calcul des ordinateurs et les capacités de stockage des photographies n’étaient pas compatibles avec cette façon de faire. Les 3 informations de couleurs ne pouvaient être définies que sur 8 bits , c’est-à-dire sur 256 niveaux. Ce qui est insuffisant pour le CIE L’a*b*

Comme les écrans d’ordinateur et les imprimantes n’étaient pas capables de visualiser les couleurs les plus saturées; on a volontairement limité l’espace de couleurs utilisé aux couleurs visualisables. Il était ainsi possible de les caractériser par 3 grandeurs variant de façon discrète entre 0 et 255.



Pour des raisons pratiques, on a donc inventé pour les photographes des espaces de couleur complémentaires basés sur des modèles colorimétriques RVB. Les couleurs y sont représentées par des valeurs Rouge, Vert et Bleu.

Ainsi est né l’espace de couleur sRVB le plus universel qui soit pour l’informatique et la photographie. Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, la grande majorité des photographes utilisent cet espace de couleur sans le savoir.

Il est suffisamment petit pour travailler avec 8 bits par couleur et suffisamment grand pour englober toutes les couleurs pouvant être représentées avec nos moniteurs et nos imprimantes courantes et avec les machines d’édition industrielles.

Les encres utilisées aux USA sont différentes des encres européennes et l’espace de couleur sRVB adopté initialement par ADOBE dans son logiciel PHOTOSHOP ne convenait pas aux professionnels américains de l’édition.

En 1998, ADOBE a créé un nouvel espace de couleur qu’il a nommé adobeRVB un peu plus étendu dans les verts que le sRVB comme le montre une représentation dans le diagramme de chromaticité. Les seules couleurs de ces espaces sont celles qui sont à l’intérieur des triangles.

Pour les photographes européens, ce profil adobeRVB n’apporte rien (ou si peu) :

– il n’est pas adapté au web,
– les écrans qui permettent de « voir » les quelques couleurs saturées supplémentaires sont chers,
– dans la nature, la plupart du temps les couleurs vertes existantes sont comprises dans l’espace sRVB,

Le profil adobeRVB n’est pas adapté aux encres européennes, par ailleurs si vous observez une photo prise avec le profil adobeRVB avec un logiciel qui l’interprète comme étant en sRVB, elle va vous paraître particulièrement fade !

Comme le dit Arnaud Frich : « si vous trouvez vos couleurs trop ternes en sRGB, ce n’est pas la faute du sRGB soi-disant trop petit, mais d’une mauvaise attribution de profil. La plus courante : vous avez attribué un profil sRGB à une image Adobe RVB 98 ! » ( https://www.guide-qestion-des-couleurs.com/)

Les espaces colorimétriques.

Un grand nombre d’espaces de couleurs peuvent être définis en complément à l’espace de base de la Commission internationale de l’Éclairage.

Qui dit 3 grandeurs dit 3 axes de coordonnées dans l’espace. Selon l’origine de ces axes, leur orientation, l’unité utilisée pour repérer les 3 grandeurs, la nature de ces coordonnées (linéaires, circulaires) on peut définir des espaces de couleur différents.

Dans chacun d’eux, une même couleur sera définie par 3 grandeurs différentes.

Pour chacun d’eux, le volume à l’intérieur duquel les couleurs sont définies est différent et plus ou moins grand. Les plus grands volumes correspondent à l’ensemble des couleurs visibles par l’œil humain standard. Des volumes plus petits définissent l’ensemble des couleurs pouvant être associées à des appareils particuliers comme un écran d’ordinateur. On parlera alors de gamut.

Par exemple l’espace de couleur TLS est très pratique pour choisir une couleur : on commence par le choix d’une teinte pure sur le cercle chromatique (représenté linéairement dans Photoshop), teinte qu’on pourra désaturer et rendre plus ou moins lumineuse. C’est ainsi qu’on choisit une couleur dans la plupart des logiciels photo.

Espace colorimétrique des matériels photographiques : APN, Écran, Imprimante…

Chaque appareil photo, chaque écran d’ordinateur et chaque imprimante a aussi son espace de couleur appelé aussi profil colorimétrique c’est-à-dire sa façon de mesurer les couleurs.

Ces espaces spécifiques sont plus petits que l’espace La*b* des couleurs visibles par l’œil. (Mais celui de l’appareil photo est quand même très important par rapport aux 2 autres plus limités).

Ils ont aussi l’inconvénient d’être très imparfaits. Par exemple, si l’on photographie un gris, les valeurs RVB (Rouge, Vert, Bleu) qui en résultent devraient être égales, ce qui n’est pas le cas. De même si l’on fournit à l’écran 3 valeurs RVB identiques, celui-ci va produire un gris légèrement teinté à la place d’un gris neutre. Et généralement, les défauts du premier ne vont pas compenser ceux du second.

C’est comme si l’on mesurait les dimensions de longueur , de largeur et de hauteur des pièces d’un appartement avec des mètres à ruban dont les graduations sont différentes d’un mètre à l’autre.

Il y aurait le mètre à ruban NIKON D500, CANON EOS 5D et plein d’autres différents.

Et c’est comme si l’on reportait les dimensions relevées sur des plans avec également des doubles décimètres aux graduations variables : double décimètre BENQ, SAMSUNG…

Une seule solution : étalonner chaque matériel, c’est-à-dire établir une relation entre les valeurs de couleur mesurée par l‘appareil photo et les valeurs normalisées de l’espace CIE L’a*b. 

Les constructeurs ont établi des corrections moyennes pour chaque modèle d’appareil pour rendre l’utilisation plus simple. Ces corrections permettent de relier directement chaque modèle de matériel à un espace colorimétrique universel standard comme par exemple l’espace sRVB. Ces corrections sont établies d’une façon transparente par l’utilisateur.

Pour l’appareil photo : si vous avez choisi le format JPEG, c’est le processeur de l’appareil qui traduit les informations dans l’espace sRVB ou adobeRVB (selon le réglage que vous avez choisi). Dans le cas du format RAW, c’est le logiciel de développement (Caméra Raw, DXO, lightroom…) qui va traduire les informations dans un format spécifique du logiciel.

Pour l’écran : c’est transparent pour l’utilisateur : lors de l’installation initiale de l’écran, le pilote de celui-ci a mis en place tout ce qu’il fallait.

Pour l’imprimante : c’est pareil, sauf que la correction dépend du papier utilisé. Au moment de l’impression, le pilote vous demande quel papier vous avez choisi. Bien sûr, il ne vous est proposé que des papiers de la marque de l’imprimante.

Les 3 espaces de couleur du photographe.

Lors de l’importation de photos dans des logiciels comme Photoshop ou lors de l’exportation avec d’autres logiciels comme Lightroom ou DXO, il vous est arrivé d’avoir à choisir parmi une multitude d’espaces colorimétriques, ou profils colorimétriques. Le logiciel vous propose de choisir parmi tous les profils stockés sur le disque dur de votre ordinateur.

Si vous avez déjà utilisé plusieurs écrans et plusieurs imprimantes, cette liste peut être impressionnante. Pas de panique, tous les profils des écrans, des imprimantes et autres ont été mis en place automatiquement lors de l’installation du matériel et sont gérés automatiquement par les drivers de ces matériels.

Par exemple, en aucun cas vous ne devez choisir comme profil de travail dans Photoshop le profil de votre écran (ou de votre imprimante).  Si vous avez vous-même, étalonné votre écran, c’est le logiciel d’étalonnage qui s’occupe de mettre en place le bon profil au bon endroit.

Le seul choix qui vous reste,comme profil de travail dans photoshop ou comme profil d’exportation dans lightroom ou DXO, se résume à :

sRVB IEC6 1966 

adobeRGB (1998)

ProPhoto RGB

Remarques : RVB ou RGB c’est la même chose : il s’agit des initiales des couleurs Rouge, Vert et Bleu en français ou en anglais.

Ne choisissez jamais les espaces CMJN de la quadrichromie utilisés par les imprimeurs professionnels (sauf si vous êtes amenés à travailler avec eux et dans ce cas suivez leurs conseils)

L’espace ProPhotoRVB et le format RAW

L’espace de couleur des appareils photo est bien plus grand que l’espace sRVB ou adobeRVB. Ou du moins avant que le processeur de l’appareil ne convertisse l’image capturée dans ces formats (si vous avez choisi le format jpg pour l’enregistrement).

Cela veut dire que l’appareil est capable de « voir »des nuances de teinte dans les couleurs les plus saturées. Alors que sur l’image convertie en sRVB, il ne va plus rester qu’un aplat de ces couleurs saturées.

Ce n’est pas très gênant, car de toute façon l’écran de l’ordinateur et l’imprimante ne peuvent pas « voir » ces nuances de teinte.   Sauf que… 

  • La technologie évolue très vite. Déjà les nouveaux téléviseurs 4D ont une dynamique étendue et utilisent de nouvelles normes de reproduction des couleurs. On a donc intérêt, aujourd’hui, à enregistrer ses images avec le potentiel que permettent les capteurs des APN pour pouvoir, demain, les visualiser avec toute leur richesse chromatique.
  • Et même aujourd’hui, avec les logiciels récents, on pourrait éviter les aplats des blancs et couleurs saturées. À condition bien sûr de ne pas travailler ni en sRVB ou adobeRVB !

Il suffirait donc d’enregistrer les informations brutes provenant du capteur, avant tout traitement de conversion vers sRVB ou adobeRVB par le processeur de l’APN.

Il existe pour cela un format d’enregistrement spécifique à chaque modèle d’appareil, appelé format RAW. L’information enregistrée sera ensuite développée  par votre logiciel préféré, pour être interprétée dans un espace de couleur beaucoup plus étendu. (voir tuto précédent)

Cet espace propre à chaque appareil photo est proche de l’espace normalisé appelé ProPhotoRVB.

Cet espace plus étendu codifie chaque couleur RVB sur 16 bits soit 65 536 niveaux, ce qui laisse beaucoup plus de possibilités pour le « traitement » des photos que les 8 bits ou 256 niveaux des images JPEG.